Jalons pour une histoire de la politique « santé » dans les activités sociales des IEG (1947 – 1951) (1)

Fanion arborant le logo du CCOS ©CCAS

Parmi les priorités de la gestion ouvrière, la politique de la santé figure en bonne place. L’une des premières décisions du Conseil Central des Œuvres Sociales (CCOS) présidé par Marcel Paul est la création d’une commission visant à étudier la mise en place d’établissements médicaux (2).

Les administrateurs du CCOS reviennent à plusieurs reprises sur cette question importante entre février 1947 et décembre 1950 ; jusqu’à la dissolution du Conseil Central prononcé par le ministre de l’Industrie et du Commerce Jean-Marie Louvel (Mouvement Républicain Populaire) en février 1951.

La seconde réunion du CCOS est l’occasion de présenter les cinq départements qui sont créés pour mettre en œuvre la politique du Conseil Central. Quelques mois après la création de la Sécurité Sociale par Ambroise Croizat – une autre figure politique et syndicale du mouvement social – les grandes lignes de l’organisation du département « santé »(3) sont exposés par Marcel Paul.

L’ambition du CCOS est de porter attention, non seulement à la santé des 138.000 agents d’EDF et de GDF en activité ou en inactivité, mais aussi des « femmes (sic) et des enfants d’agents ». Le faible pourcentage de femmes employées des industries électrique et gazières semble faire oublier aux administrateurs qu’il existe quelques maris d’agentes ; ce qui n’empêche pas le CCOS de se préoccuper spécifiquement de la santé des femmes qui travaillent dans les IEG comme le montre les dispositions particulières prises en faveur des « femmes enceintes et aux jeunes mamans » lors de la réunion du 6 novembre 1947 : « Les femmes agents d’EDF bénéficieront de cette allocation ».

Le projet du CCOS est de développer ce département à l’échelle de l’organisation territoriale de l’entreprise nationale. Des « postes de soins » devront être installés au plus près des travailleurs dans chaque établissement ou chantiers, y compris les « moins importants ». Il est envisagé qu’ils fonctionnent « à heures déterminées » et qu’ils disposent d’un « appareil sanitaire restreint » sans autre précision. Il est également prévu de mettre en place des « dispensaires d’Usines » considérés comme « des postes de secours immédiats ». On doit y trouver « des infirmières permanentes placées sous l’autorité d’un Médecin d’Usine ». Ces deux structures – « postes de soins » et « dispensaires d’usines »  – sont subordonnées à un « centre de Diagnostic de première instance » attaché à un centre d’exploitation.

Le CCOS projette en outre de créer à l’échelle de chaque région d’EDF-GDF « un Centre de Diagnostic Supérieur et de mise en observation ». Ces établissements auront en charge de suivre et de contrôler « les Centres de Diagnostic de première instance ». De plus, ils disposeront d’installations d’interventions chirurgicales, sans intention de se substituer « aux hôpitaux gérés dans le cadre de la Sécurité Sociale ». Ils auront aussi des moyens plus importants d’observations ; ce qui leur permettra de diriger « l’envoi des malades » vers des établissements spécialisés que le CCOS envisage explicitement de créer en parallèle.

Dès la fin de l’année 1947, les administrateurs prennent connaissance de plusieurs projets visant la création la création d’établissements spécialisés comme l’ouverture d’une maison de repos pour adulte « à Menton où EDF vient d’acquérir à ces dernières fins l’Hôtel d’Annonciata »(4).

En février 1948, le Conseil Centrale approuve la proposition de création d’une colonie enfantine de séjour prolongé fonctionnant de façon permanente. L’objectif est de « de résoudre les graves problèmes que pose l’état de déficience de certains enfants d’Agents de nos Industries ».

Le CCOS entend alors développer cette offre de santé avec EDF et GDF. L’objectif est de proposer « un service de santé bénéficiant des derniers progrès de la technique médicale tant dans le domaine de la prévention que dans celui des soins de tout ordre » comme le souligne le médecin-chef du département « Santé »(5).

La suite au prochain épisode…


[1] Cet article repose principalement sur le dépouillement des procès-verbaux du conseil central des œuvres sociales. Il conviendra de compléter cette recherche en poursuivant les investigations dans la série K notamment.

[2] PV du CCOS, 20 février 1947

[3] PV du CCOS, 3 avril 1947

[4] PV du CCOS, 6 novembre 1947

[5] Energies de France, n°2, juin 1947

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